Je suis un GENTLEMAN...

Ceux qui me connaissent le savaient déjà, mais cette fois-ci c'est confirmé, officiel, validé par la Fédération Française de Cyclisme... Et oui, j'ai pris la route le dimanche 20 octobre dernier pour une course de "gentlemen", la "GENTLEMAN des Bénévoles", chez moi à la Ferté Gaucher. Il y a longtemps que je voulais y participer mais je n'osais pas... J'en ai parlé à mon petit copain Pablo, l'an passé, et il m'a dit : "Ah ouais, ça serait sympa."

 Alors, je l'ai invité pour cette édition 2019. Mais une course de Gentlemen, qu'est-ce que c'est ?
J'en ai trouvé une bonne définition dans le magnifique ouvrage de René FALLET :

" Ma carrière cycliste, commencée sur le tard, ne connaît plus de temps morts. A peine, l'an passé, avais-je desserré mes cale-pieds, après les quatrièmes Boucles de la Besbre, qu'il me fallut les resserrer pour participer au Premier Critérium des Gentlemen de Linards organisé par Antoine Blondin, près de Limoges.
Antoine m'avait convié à figurer en pointe dans les rangs de ses « gentlemen ».
Dur camouflet pour un Brassens qui m'affirme depuis dix-neuf ans :
- Mon pauvre vieux, jamais tu ne seras un gentleman !
Eh bien si, je le serai, et une journée entière, nom de Dieu !
En matière de cyclisme, les gentlemen sont des amateurs de vélo, de tous âges, que l'on associe pour une compétition en principe amicale à un coureur en activité. Je dis « en principe amicale » car, parfois, ces coursettes contre la montre dégénèrent en empoignades farouches (...)"
 Donc me voilà revenir à la compétition, amicale certes... mais quand même, à 60 années passées. Est-ce bien raisonnable ? Certes je roule beaucoup mais ma vitesse moyenne n'excède jamais 25km/H et  souvent  elle est plus proche des 20km/H. On verra bien...
 Début octobre après que Pablo et son papa m'ont confirmé leur venue pour LA COURSE, j'expédie le bulletin d'engagement au club organisateur. Impossible de reculer maintenant.

 Pas de préparation spécifique pour cette épreuve. On verra bien. Je fais un tour du circuit le lundi précédent pour tester le vélo que je vais prêter à mon équipier. Mon vélo JPLP est ma meilleure machine de "compète", il me faut juste redresser le dérailleur avant.
 Le jeudi, je fais un autre essai avec mon vélo Le Vacon auquel j'ai retiré la béquille et le porte-bagages arrière. Mais j'ai laissé les garde-boue et le porte-bagages avant. Je vais aussi retirer la sacoche de guidon le jour de la course.
 Quand je me renseigne sur les performances réalisées par les concurrents les années précédentes, je me rends compte que les moyennes sont élevées (très élevées même) et pour la plupart inatteignables par ma petite personne. Mais qu'est-ce que je vais faire dans cette galère? Alors, je me fixe un but : rouler à plus de 30km/H sur les 20 kilomètres que comptent cette épreuve. Ce serait bien déjà...
 Le samedi après-midi, tout juste arrivé du Limousin, Pablo vient prendre possession de son vélo de "Contre-la-montre". Le triple plateau le fait rire un peu mais de toute façon, il n'aura besoin que du grand plateau de 50 dents sur le circuit qui nous est proposé. 

Circuit que je lui fais découvrir sous la pluie. Il regrette l'absence de bosses mais je suis content (et rassuré) quand il me dit qu'il est venu là pour s'amuser. Et oui, pour Pablo le vélo est avant tout un jeu. Cela tombe bien, c'est aussi mon point de vue... 
 Dimanche matin, il pleut, peu, mais il pleut sans discontinuer. En consultant le site du club organisateur, je constate qu'il y a 34 équipes engagées, c'est moins que les années précédentes. Le dossard N°7 nous a été attribué et nous devons nous élancer à 13H42. Nous retirons notre dossard peu après midi et nous lançons dans un petit tour d'échauffement sous la pluie. Ce que nous remarquons tout de suite, c'est le vent qui souffle aujourd'hui du Nord / Nord-est. Il nous gêne dans la première partie du parcours et après ça devrait aller...

Nous attendons quelques minutes avant d'entrer dans le vif du sujet. Le compte à rebours peut commencer. 5,4,3,2,1... Partez

MAIS OU EST MON EQUIPIER ? Départ CANON DE PABLO ! (Voir le vidéo ci-dessous...)
 

Cela ressemble un peu à la fable "Le lièvre et la tortue" ou à un dessin animé de Speedy Gonzales... Dès lors, je sais que cette course sera difficile... pour moi !
Heureusement, le départ est en descente mais que j'ai du mal à revenir dans la roue de Pablo . Bien sûr tout de suite après ça remonte. Le pourcentage n'est pas énorme mais je perds 1 mètre, 2 mètres, 3 mètres... 5 mètres...
"Hop ! ralentis !"
Il est sympa, il lève un peu le pied. Je reviens dans sa roue et il relance... Et je ne peux pas suivre...
"HOP ! Hop !"
C'est tout ce que j'arrive à articuler.
Mon équipier comprend le message. Mais dès qu'il lève le cul de la selle, je suis largué... Mes poumons sont en feu... Ai-je encore des poumons d'ailleurs ?
Et ça monte toujours...
Illustration de Blachon dans "Le vélo" de René FALLET
 Et le vent souffle fort, très fort, défavorable bien sûr ! Et ce n'est que le début, peut-être 1,5 kilomètre de parcouru et je suis déjà... cuit... naze... HS... minable.
Enfin une petite descente pour traverser le hameau de La Frévillard. La vitesse augmente au compteur pour atteindre 40km/H. Pablo mène un train d'enfer et nous passons le coup de cul qui suit en profitant de l'élan. Et à nouveau ça descend. La vitesse augmente encore avant de baisser car un long faux-plat arrive qui va durer au moins 3 kilomètres. Je serre les dents mais je ne peux pas suivre...
"Hop!" 
Et le vent qui souffle toujours de face.
"Hop!"
Et je n'arrive pas à trouver un petit abri derrière Pablo. Il encore moins épais que moi, le petit...
"Hop!"
Et j'ai toujours les poumons en feu.
"Hop!"
Et dès que j'essaie de me mettre en danseuse, j'ai les cuisses qui pèsent des tonnes et qui me semblent grosses, grosses.
 "Hop!" "Hop!" "Hop!"
Mais pourquoi donc ????
Au croisement de la route de Champmartin, ça redescend, nous avons parcouru 5 kilomètres environ. Je ne me rappelle plus si je prends un relais.
A Doucy, nous virons à droite, un virage en épingle à cheveu. Je regarde mon compteur, voici 13 minutes que nous roulons et nous avons parcouru6 kiklomètres. Nous sommes loin des  30km/H de moyenne !
Pablo relance, je m'accroche, le vent vient du côté gauche. Le terrain est plat mais j'ai du mal à rester dans la roue de mon équipier.
Il a fière allure PABLO sur le vélo JPLP... Derrière c'est plus difficile, on dirait.
Et puis nous attaquons un nouveau faux-plat. Pablo a compris que nous n'allons pas battre de record aujourd'hui. Pour aller vers le village de Saint Barthélémy, nous changeons de direction.
" Ne relance pas trop vite."
Tiens, j'arrive à articuler quelques mots. La relance est douce. Je prends la tête. Le vent nous pousse. La vitesse augmente, 30km/H, 32... 33... 35... C'est tout plat, la route est belle. J'arrive à récupérer un peu. Pablo reste bien sagement dans ma roue. Nous traversons Saint Barthélémy. Le panneau lumineux à l'entrée du village affiche 33km/H à notre passage. Nous pourrions faire mieux sans doute, mais je préfère en garder sous la socquette... Je vire à gauche vers Les Thénières. Je reste en tête pour franchir les deux petits faux-plats qui arrivent. Nous avons passé la mi-course. 
Mon équipier reprend la tête. Tout de suite la vitesse augmente, 38... 40km/H. C'est toujours difficile de rester dans le sillage. Nous passons Les Thénières à fond (en ce qui me concerne...).
Avant de virer sur la route de Meilleray à Saint Martin des Champs, nous croisons une voiture ce qui nous oblige à ralentir un peu car la route est étroite. Je récupère un peu.
Nous virons à droite, la relance est douce encore. Heureusement. La route est toute droite, recouverte de gravillons et... le vent nous pousse encore sur le côté droit.
Il reste 6 kilomètres à peine, avec une longue descente. Il faut d'abord remonter un peu et je mène à mon rythme. Quand nous arrivons au sommet...
"Vas-y, roule !"
Et il ne se fait pas prier, le gamin !
35... 40... 45... 50!!! Jusqu'à 56km/H dans la descente ! Je n'ai jamais roulé si vite ici.
Nous sommes partis depuis 33 minutes et il reste environ 4 kilomètres. Je me prends à nouveau à rêver aux 30 de moyenne...
Dans la traversée de Saint Martin, nous sommes ralentis par une voiture. Pas grave... Pablo enroule facilement son plus gros braquet. 
Dans le petit faux-plat à la sortie du village...
"Hop!"
Il lève un peu le pied et je recolle à sa roue.
Encore une descente et le panneau d'entrée à la Ferté Gaucher. Vivement que cela se termine. Au feux tricolores nous prenons à droite, ça monte.
Pablo accélère, je suis largué, il m'attend un peu mais finit quelques mètres devant moi. 
Cette fois-ci, c'est terminé.


J'en suis très content... et fatigué... fatigué.








Pablo est bien chaud, il repartirait bien pour un deuxième tour s'il trouvait un nouvel équipier, pour vraiment faire la course cette fois !
Je ne sais pas si ce sont eux les premiers mais on n'avait pas le même matériel.
 Nous avons bouclé les 20 kilomètres en 39 minutes 25 secondes et 61 centièmes (chronométrage FFC) à 30,436km/H de moyenne (contrat rempli... pour moi) et terminé 23ème sur 26 équipes au départ. Les meilleurs ont parcouru le circuit à plus de 41km/H de moyenne. BRAVO à eux !
Pablo courant dans la catégorie des cadets, nous avons été récompensés d'une bouteille de jus de pomme, en plus de la bouteille de cidre offerte à chaque participant par la JSFG Cyclisme, le club organisateur, sans lequel je n'aurais pas connu cette expérience nouvelle et, ô combien... violente pour moi ! 
Merci à eux et aux signaleurs qui assuraient notre sécurité à chaque carrefour et au photographe du club.
Et merci à Pablo : ce fut un bon moment de vélo.

Commentaires

  1. Bravo !!! Pour le récit, vu du côté de Jean Pierre, et surtout, pour son humour. Même à 30 km/h qui de nous aurait osé se mesurer à Pablo ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai qu'il a un beau coup de pédale mon équipier !

      Supprimer
  2. Merci beaucoup pour cette rétrospective!!! Et pour ton écriture toujours aussi plaisante! Pablo en garde un très bon souvenir! Même si il était un peu frustré de n'avoir qu'un tour à faire, avoir fait une compétition avec toi l'a vraiment marqué: il a adoré cette complicité de frères de guidon!
    Plus qu'à trouver une occasion pour t'inviter à partager en Limousin une compétition du même acabit!

    Mickey.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Votre commentaire paraitra après modération. MERCI.