Le junior de l’UC Condat dispute samedi les Championnats du monde aux Pays-Bas

Ben.jpeg

Champion de France junior de cyclo-cross il y a 15 jours, Benjamin Rivet s’est habillé en bleu-blanc-rouge. © photo bruno barlier

Sacré champion de France il y a deux semaines, le junior du pôle espoirs de Guéret enchaîne avec les Mondiaux samedi aux Pays-Bas. Un nouveau rendez-vous d’envergure pour un garçon au caractère de battant et qui va toujours au bout de lui-même sur un vélo.

Benjamin Rivet, la fureur de vaincre
Mai 2011, Trophée Régional du Jeune Cycliste. Une douzaine de benjamins sont en lice à Flavignac. En jeu, une sélection pour le Trophée National. Parmi les apprentis champions, un petit blondinet. Benjamin Rivet. Le jeune sociétaire de l'UC Condat est motivé, il espère bien décrocher son billet pour le TNJC. Au terme des épreuves de vitesse, de cyclo-cross et de route, deux sésames sont distribués. Il termine finalement 3 e. « Ce sera la première et la dernière fois que ça m'arrive », lâche-t-il alors, avec autant de déception que de détermination, à ses parents.
Benjamin Rivet a tenu parole. Depuis le rendez-vous de Flavignac, le jeune homme n'a plus jamais manqué une sélection pour laquelle il concourrait. Cet épisode a aussi un peu plus éclairé le tempérament d'un gamin qui s'est toujours mis en tête de ne rien lâcher sur un vélo. D'aller au bout de lui-même. Et de se surpasser.

« Au début, il faisait du vélo pour se dépouiller »

Tout minot déjà, il n'avait de cesse de tanner son grand-père, sur les chemins le long de la Briance, pour en faire toujours plus. De lui demander de le chronométrer pour tenter de gagner une seconde de plus par rapport à son dernier temps. De le supplier de faire un tour de plus que la dernière distance qu'il avait pu parcourir.
Sa première course, à huit ans et demi, au Palais-sur-Vienne, en fut une nouvelle preuve. Au bout du bout de son effort, il prit la 6 e place. Terminant « rouge écarlate », comme se le remémorent aujourd'hui, avec le sourire, ses parents Francis et Valérie.
Cette course, ce fut surtout une révélation pour celui qui s'était essayé au football durant deux ans auparavant. « On a senti tout de suite qu'il avait trouvé son sport, confirment ses parents. Il était épanoui, tout joyeux, il prenait du plaisir même pendant la course ».
Il y exprima alors tout son caractère et sa personnalité. Cette volonté de ne jamais abdiquer, de toujours tout donner et de performer. « Au début, il ne faisait pas forcément du vélo pour gagner mais pour se dépouiller, précise Loïc Maitre, l'un de ses premiers éducateurs à l'UC Condat où il prit sa première licence. Il était content s'il avait mal aux jambes ».
« Je ne l'ai jamais vu baisser les bras, complète Marine Pelaez qui l'a également encadré à l'UCC. Il en voulait toujours plus. C'est nous qui étions obligés de le freiner et de l'arrêter. Même à l'entraînement, même quand il faisait froid, même quand il n'était pas bien, il a toujours passé la ligne ». Depuis ses débuts, il n'a d'ailleurs jamais mis la flèche sur une course…
Sur une épreuve à Chaumeil, alors qu'il était cadet 1, il avait carrément été à deux doigts de tomber dans les pommes tellement il avait puisé au fond de lui pour suivre ses aînés, les juniors et les cadets 2. Même chose sur une Classique des Alpes où, pris par son effort, il avait oublié de s'alimenter et frôlé l'insolation. Et à l'âge de 10 ans, il a tout simplement gravi le Mont Ventoux derrière son père, sans donner l'impression de souffrir plus que ça…
« Son idole depuis tout petit, c'est Alberto Contador, relèvent ses parents. Pour son allure, son panache et sa ténacité. Et comme lui, sa devise c'est : "Quand on veut, on peut" ».

« Il s'est nourri de ses échecs »

Benjamin Rivet s'est ainsi construit dans l'effort, mais il s'est aussi forgé dans l'échec. Pendant longtemps, il a en effet accumulé les deuxièmes places, notamment derrière son partenaire de club Lucas Boniface. « Cela lui a façonné un gros mental », note Loïc Maitre. « À chaque fois qu'il a eu des échecs, il s'en est nourri, appuie Marine Pelaez. L'épisode de Flavignac, ça a été l'échec ultime. Cela lui a donné encore plus la gnaque ».
Car loin de s'apitoyer, Benjamin Rivet s'est toujours appliqué à se relever. Et à rebondir. Avec cet esprit de compétition qui s'est encore plus acéré au fil du temps.
C'est celui-là même qui lui a permis d'aller chercher le titre de champion de France junior de cyclo-cross il y a deux semaines. Ce maillot bleu-blanc-rouge qu'il voulait tant, qui lui avait échappé en cadet quand il avait terminé… 2 e et qui aurait pu lui passer sous le nez avec son opération pour traiter son rythme cardiaque en décembre. « Le mois de décembre a été compliqué à gérer, confient ses parents. Il voyait qu'il avait du mal à retrouver sa meilleure forme et les Championnats arrivaient. C'est avec sa force mentale qu'il a obtenu son titre. Cela a été le fruit d'une longue attente et aussi un soulagement ».

« Il est habité par ça. Il vit vélo, dort vélo »

Benjamin Rivet, qui fêtera ses 18 ans demain, s'est accordé le temps cette fois-ci de savourer un peu. Mais c'est une exception. « Il passe vite à autre chose, regrette presque sa petite sœur Justine. Une fois que c'est fini, il est toujours dans la course et l'objectif d'après ».
La suite, dans l'immédiat, ce sera les Championnats du monde de cyclo-cross, samedi, aux Pays-Bas. À plus long terme, ce sera de toute façon sur un vélo. « Il est habité par ça, témoignent ses parents. Il vit vélo, dort vélo. C'est son fil conducteur et il fera tout pour aller au bout de son histoire ». Le plus haut possible, bien sûr. Porté par sa fureur de vaincre.

Xavier Georges